Qui est Abdollah Shahbazi ?

Une interview 12 heures avant son arrestation.

Abodollah  Shahbazi est le fils d'un de chef de clan Qashqai qui a été défait par l'armée du Shah alors qu'il s'opposait à la réforme agraire. Ancien membre du parti communiste iranien (Toudeh), il s'est repenti et a été retourné après sa "purification" en prison en 1982. A peine libéré, il prend la tête d'un institut de recherche en histoire lié au ministère de l'information (VEVAK). Il a été nommé par Fallahian, alors ministre de l'information et principal responsable des meurtres en série des années 1990. Shahbazi est considéré comme un des dirigeants du quotidien ultraconservateur Keyhan avec Hossein Shariatmadari. Depuis l'hiver dernier, il accuse de corruption l'Imam du vendredi de Shiraz, ses fils et l'ancien chef des pasdaran de la région de Fars, en publiant des articles et des CD.

Douze heures avant son arrestation, il répondait aux questions de Nooshabeh Amiri.

N.A:Commençons par le dernier communiqué de Moussavi, celui qui a suivi l'Ashoura [communiqué n°17], qu'en pensez-vous?

C'est un communiqué marqué  par l'humanisme. Moussavi n'est pas un personnage ambitieux ou opportuniste. Cette affirmation s'appuie sur un sentiment, face aux effusions de sang et de violence qui ont pris une ampleur inédite par rapport à ces trente dernières années.

N.A:Certains font entendre que Moussavi reconnaît le gouvernement d'Ahmadinejad par cette déclaration, quel est votre avis ?

Je ne partage pas cet avis. Premièrement, le gouvernement d'Ahmadinejad est un fait qui existe, les gouvernements étrangers le reconnaissent également. Par ailleurs, Mir Hossein n'accepte pas la légitimité de ce gouvernement, pourtant il formule ses demandes auprès de lui en sachant qu'aucun d'entre eux ne sera soulevé ni discuté. Moussavi est réaliste, il sait très bien que ses demandes minimum n'auront pas de réponse de la part du pouvoir en place.

N.A:Cela dit, il propose le minimum des revendications populaires ?

Oui, car c'est déjà  un maximum pour le pouvoir : la liberté de la presse, d'expression et de conscience ont déjà provoqué l'hostilité des partisans d'Ahmadinejad. Selon le représentant du Guide dans les universités, 75% des étudiants sont en désaccord avec la politique d'Ahmadinejad ; donc si l'on considère qu'il y a 4 millions d'étudiants au total, on en conclut que 3 millions sont opposés au gouvernement. A mon avis, c'est le meilleur argument pour écouter ce que crie la jeunesse.
Naturellement le régime n'est pas face à 5000 ou 50000 opposants, mais plus de 2 millions de personnes. Donc s'il accepte le droit de 2 millions de personnes, cela veut dire qu'il acceptera les droits de la majorité, ce qui est à mon avis peu probable. En effet, si ce minimum est accepté, ce sera la porte ouverte pour d'autres revendications. D'après moi le pouvoir n'acceptera pas ces propositions car on entend déjà le signal d'alarme de la part de groupes pro-ahmadinejad, comme la démission [annulée] de Hosseinian qui a accusé Rafsanjani d'être le principal responsable de la crise.

N.A:C'est naturel d'entendre cette phrase de la part des ultra-conservateurs qui se nourrissent de leurs provocations. Mais ce qui est inattendu, ce sont les déclarations du Guide, non ?

En Iran, aujourd'hui, ce sont les groupes extrémistes qui ont en main la gestion du pays. Ils survivent par les crises et les tensions intérieures, mais en réalité, ce sont eux qui sont la cause principale de la crise. Ils l'accentuent par leur fabrication de la terreur et leur répression sanglante, puis ils accusent leurs adversaires d'être à la cause de cette crise. Au final, ils essaient d'éliminer tous ceux qui s'opposent à eux pour soi-disant résoudre les problèmes du pays. Ils sont même favorables à une guerre civile ou à une guerre imposée de l'exterieur. J'ai l'impression que les hauts dirigeants de la République islamique ont très mal géré la situation. A mon avis, comme je l'ai déjà écrit, il faut confier la gestion de cette crise à quelqu'un comme l'ayatollah  Rafsanjani, ce dernier s'en est bien sorti pendant les années de la guerre contre l'Irak.

N.A:Il me semble que parmi les différentes factions qui entourent le Guide suprême, il y a un parti fondamentaliste qui domine au moins depuis les dernières élections. Désormais, selon vous, quelle position prendra le Guide?

Ce n'est pas du tout prévisible, mais ce qui est sûr, c'est le changement de position de l'ayatollah Khamenei depuis la révolte estudiantine de1999.

N.A:A votre avis pourquoi l'ayatollah Khamenei ne prend pas la même position? Est-ce une question de vouloir ou de pouvoir ? Cette crise est-elle une impasse pour les différentes factions du régime ?

A mon avis c'est une question de vouloir. Cela dit le Guide peut, surtout après ce dernier communique de Moussavi, mettre fin à cette crise et tout naturellement empêcher toutes les violences qui peuvent se produire après. Autrement dit, le pays entrera dans une situation sans précédent.

N.A:Donc, pourquoi son mot d'ordre est-il toujours en faveur des ultra-conservateurs et des extrémistes du régime?

Je ne connais pas la réponse, mais je peux vous dire que j'ai déjà proposé au Guide, dans une lettre ouverte que j'ai écrite avant les élections, d'être plus pertinent par rapport à ce qui se passe dans son entourage, surtout au niveau des échanges d'information. La seule différence entre le Guide et Moussavi tient aux programmes économiques, sinon, je ne vois pas de problème structurel entre les deux personnalités. A mon avis tout cela est dû à son entourage.

1 Response to "Qui est Abdollah Shahbazi ?"

  1. leblase says:

    l'Histoire a montré que pour Khamenei, c'était peut-être au début une question de "ne pas vouloir" mais depuis, suite aux conséquences de la montée des révoltes, Khamenei en est à "ne pas pouvoir" car le pouvoir, précisément, lui a échappé.
    Les gardiens de la révolution qui s'étaient les plus enrichis ont semble t'il désormais fait main basse sur le pays

Powered by Blogger