Quatre scénarios pour l'avenir de l'Iran (2) Dérapage ...

Il s'agit du deuxième épisode de la série " Quatre scénarios pour l'avenir de l'Iran". Cliquez sur le lien pour lire le premier épisode.  
 
Imaginez une journée assez grise à Téhéran … L'atmosphère est lourde, et ce n'est pas seulement un effet de la pollution, en effet, on dirait que le mécontentement a pris une nouvelle ampleur. Ces jours-ci, la crise économique se fait sentir, tout a augmenté : l'essence, le pain, les fruits, le riz … et les subventions, qui ont beaucoup baissé, n'ont pas compensé l'inflation. A Téhéran, comme dans les autres villes, les effets du chômage se font sentir partout et le mécontentement est général. Ces dernières semaines, les rumeurs se sont multipliées, on ne paie plus les fonctionnaires ! Certaines banques sont fermées, de peur de ne plus avoir assez de billets, le rial s'est effondré. 
   
Le régime a décidé de ressouder la population derrière lui, invoquant la menace de l'étranger (qui a ressuscité avec la multiplication des menaces de frappes contre le programme nucléaire). Comme par le passé, il a amené des milliers d'Iraniens des campagnes à Téhéran pour montrer sa force. Autour, il a massé des milliers de miliciens bassij et de policiers pour prévenir tout débordement. A onze heures, le président commence son discours …
   
Malgré le dispositif étatique, la population de Téhéran a commencé elle aussi à converger vers le lieu du rassemblement. La police les laisse passer, et rapidement les lebas chakhsi (agents en civil) sont débordés. Alors que le président entame sa tirade sur la cinquième colonne, la foule s'agite, on entend des cris "à bas le dictateur!", "Démission! Démission!". Les cris sont de plus en plus forts et le président voyant la situation lui échapper, part précipitamment en hélicoptère …
 
 
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et la population de Téhéran sort dans les rues, "la police a changé de camp!". La foule décide de se diriger vers le siège de la télévision. Deux heures plus tard, Seda o Sima arrête d'émettre. Le bâtiment a été pris par les manifestants qui annoncent la fin du régime. 
 
A Téhéran, c'est la fête, les gens dansent dans la rue, on voit des filles sortir sans voile dans le vacarme des klaxons et des pétards …  
   
Au pouvoir, c'est la panique : le Guide et les hautes figures du régime sont en train de s'enfuir vers une base près de Mashhad …
 
La situation est confuse, finalement, après quelques heures, c'est le maire de Téhéran qui apparaît sur la première chaîne. Il déclare que le complot d'Ahmadinejad contre le Guide a été éventé, que celui-ci vient d'être arrêté. On apprendra quelques heures plus tard que celui-ci s'est suicidé en essayant d'échapper aux policiers venus l'arrêter. Le Guide, lui, reste invisible. Finalement, au bout de trois jours, celui-ci réapparaît pour annoncer la tenue de nouvelles élections présidentielles.  
     
La république islamique prend une nouvelle forme : plus encore que sous Ahmadinejad, ce sont les Gardiens de la révolution qui tiennent les ficelles de la politique et de l'économie, le Guide est marginalisé, comme le sont les clercs. Le pays est en apparence plus libre, mais tout aussi corrompu. Quelquefois, "il faut que tout change pour que tout reste tel qu'il est".
     
Ce scénario, qui s'inspire de la "révolution roumaine" de 1989 et de la chute de Ceausescu, a été rêvé à plusieurs reprises depuis les élections, en particulier le 16 juin et le 11 février. Mais il aurait des conséquences plutôt négatives sur l'avenir de l'Iran. En effet, en détruisant le système d'Ahmadinejad sans véritable réflexion sur le régime dans son ensemble, il éluderait les questions sans permettre de construire un système démocratique puissant et stable. De même, le "grand soir" se révèle souvent illusoire.

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